Apprendre aujourd'hui


En 2017, je crois que la question n’est plus de se demander si les écoles et les universités peuvent s’adapter aux apprenants du 21e siècle. La question est plutôt de savoir comment.

Nos différentes lectures illustrent à quel point la réalité des étudiants a évolué ces dernières années.

Prensky (2001) affirme que les étudiants d’aujourd’hui ne sont plus ceux pour lesquels notre système éducatif a été conçu (p.1). Il croit qu’on ne peut plus revenir en arrière : les natifs du numérique ne devraient pas apprendre de la « vieille » manière et leurs enseignants devraient apprendre de la « nouvelle » (p.3).

Ménard (2016) soutient que la population universitaire est hétérogène de par son âge, sa scolarité, sa culture et ses buts de formation. Parce qu’elle travaille, les études ne sont plus sa priorité.

Les étudiants estiment que leurs outils technologiques sont importants pour leur succès académique (Brooks, 2016, p. 5) et les voient comme un élément crucial de leur expérience d’apprentissage (p.8). Une majorité des étudiants de premier cycle universitaire dit mieux apprendre quand certains composants de leurs cours sont en ligne (p. 19); près de la moitié se dit plus engagée activement dans les cours qui intègrent la technologie (p. 21) et 63% disent utiliser leurs appareils en salle de classe pour combattre l’ennui (p.33). Est-ce que cette adaptation des universités ne passer que par la technologie? L'enjeu est probablement moins simpliste.

Si Brooks (2016, p. 16) suggère que les facultés devraient continuellement chercher comment mieux intégrer la technologie dans l’enseignement, les professeurs d’université souhaitent accorder « une plus grande importance à l’enseignement et à l’amélioration de la pédagogie universitaire, notamment en diversifiant les méthodes d’enseignement, ainsi qu’en ayant un meilleur usage et une plus grande connaissance du potentiel des […] technologies » (Dyke et Deschenaux, 2008, p.34).

Lorsqu’un professeur écrit sur son tableau, les étudiants observent qu’il manque des photos de la vidéo, de l’animation et du réseautage (Wesch, 2007)… ces contenus qu’ils consomment lors de leurs 9 heures passées en ligne chaque jour. (Brooks, 2001, p.14). Les difficultés économiques rencontrées par les universités (Ménard, 2016) permettront-elles de rechercher comment tirer profit des appareils technologiques se trouvant dans les poches des étudiants et de réajuster le design pédagogique des cours pour que les apprentissages soient engageants, significatifs et pertinents dans la vie professionnelle qu’ils occuperont?

Prensky (2001, p. 6) soutient que de nouveaux moyens d’enseignement inspirés des natifs du numérique doivent être inventées pour tous les sujets et tous les niveaux. Je suis d’accord avec l’idée et je me considère plutôt ouverte d’esprit quant aux modalités innovatrices qui pourraient découler d’un tel constat. Toutefois, je m’interroge quant aux propositions de l’auteur. Est-ce qu’aller plus vite et délaisser la méthodologie par étapes (p. 4) favorise réellement la rétention des apprentissage? Est-ce qu’inventer des jeux et des simulations pour enseigner (p. 6) est vraiment la seule solution d’apprentissage d’actualité à envisager? Est-ce que créer des vidéos de 30 secondes et faire réaliser des tâches de manière aléatoire à un rythme rapide (p. 5) relèvent vraiment de pratiques gagnantes. Il me faudrait poursuivre mes lectures pour argumenter.

Qu’en pensez-vous?

 *** Références 
Brooks, D. C. (2016). ECAR Study of Undergraduate Students and Information Technology 2016. (Louisville, CO).

Dyke, N., & Deschenaux, F. (2008). Enquête sur le corps professoral québécois: faits saillants et questions. Récupéré de http://fqppu.org/assets/files/themes/corps_professoral/rapport_ccp_dyke_deschenaux_novembre_2008.pdf

Ménard, L. (2016). Le milieu universitaire québécois: d'hier à demain. [vidéo]. Récupéré de https://vimeo.com/182428910/c0c5aa9f0a 

Prensky, M. (2001). Digital Natives, Digital Immigrants. Récupéré de https://www.marcprensky.com/writing/Prensky%20-%20Digital%20Natives,%20Digital%20Immigrants%20-%20Part1.pdf 

Wesch, M. (2007, 12 octobre). A Vision of Students Today. [vidéo]. Récupéré de https://www.youtube.com/watch?v=dGCJ46vyR9o

(crédits photo: Licence CC varunkul01)

Commentaires

  1. Bonjour Julie,

    Pour me permettre de répondre à ta question et te dire ce que je pense du point de vue que tu expose sur comment apprendre aujourd’hui, je pense que la piste de la pédagogie active doit être explorée pour répondre aux besoins des Digital Natives (Prensky 2001) que sont les étudiants d’aujourd’hui.

    Je ne crois pas que les orientations technopédagogiques doivent être définies de manière rigide. Les médias et technologies utilisés doivent apporter une valeur ajoutée à l’apprentissage et à l’enseignement. L’étudiant peut cheminer seul, de manière autonome ? On propose alors une capsule vidéo, un texte, une recherche web ou autres stratégies favorisant la prise en charge par l’étudiant de son apprentissage. Un apprentissage nécessite l’échange, le partage d’expertise, la collaboration entre les pairs ? Une activité en classe ou en mode synchrone à distance est souhaitable pour enrichir l’expérience des uns et des autres dans la construction de la connaissance.

    Comme le mentionne Endrizzi (2012), les TIC doivent en priorité servir à améliorer l’enseignement tel qu’il existe, et non à le changer radicalement. La qualité de l’enseignement importe plus que l’environnement technologique (Dahlstrom (2012) dans Endrizzi 2012).

    Référence
    Dahlstrom Eden (2012). ECAR Study of Undergraduate Students and Information Technology, 2012. Louisville : Educause Center for Applied Research (ECAR).
    Endrizzi, L. (2012). "Technologies numériques dans l'enseignement supérieur, entre défis et opportunités (Les).", p.14.
    Prensky, M. (2001). "Digital natives, digital immigrants part 1." On the horizon 9(5): 1-6.

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