Quelle vision de l'école du 21e siècle?


« Nos enfants vivent l’époque la plus stimulante de l’humanité », est la première phrase que j’ai griffonnée en visionnant cette vidéo de Ken Robinson.  J’ai laissé la vidéo sur pause pour entamer une comparaison entre ma propre enfance et celles de mes enfants. 



J’ai pensé à leur accès rapide à des informations de qualité, aux moyens de communication avec leurs amis, aux réseaux qu’ils fréquentent par intérêt, à la technologie qu’ils utilisent chaque jour pour répondre à leurs besoins. Nul doute, les technologies façonnent leurs habitudes quotidiennes et leurs réflexes. 

Alors, est-ce que les apprentissages qu'ils font à l'école sont différents de ceux que j'y faisais il y a 30 ans? J’ai tendance à penser que les compétences qu’ils développent aujourd’hui ne reflètent pas toujours ce contexte dynamique dans lequel nous évoluons.

Pourtant, j’ai le privilège d’accompagner au niveau professionnel ces enseignants qui œuvrent à faire la différence. Plusieurs d’entre eux font des pieds et des mains, chaque jour et malgré le contexte difficile, pour allumer des étincelles dans les yeux de nos jeunes. En effet, certains des enseignants que je côtoie se renouvèlent et osent faire les choses autrement. Ils transforment leur TBI en un allié précieux servant l’enseignement plutôt que l’apprentissage. Ils abattent une à une les résistances en en permettant à leurs élèves d’apporter leurs appareils technologiques en classe afin de faire des apprentissages significatifs qui leur seront utiles toute leur vie. Certains sont de vrais passionnés qui ouvrent les murs de la salle de classe, malgré le manque de temps, et les journées pédagogiques trop souvent remplies d’urgences administratives.

Est-ce que ces initiatives et ces pratiques innovantes ont un effet de levier envers leurs collègues plus  « technofragiles »? Est-ce que l’infrastructure technologique les pousse à planifier le petit plus qui motiverait les élèves? Est-ce que les ressources offertes leur permettent d’adapter aisément le matériel pour ceux qui ont des besoins particuliers?

C’est triste à dire, mais je dois constater que ce n’est pas toujours le cas.

Transformer l’école, c’est à mon avis une question de volonté et de priorité. « Nous de devrions pas les endormir, mais les éveiller et révéler ce qu’il y a en eux », ajoute Ken Robinson.

Or, bonne nouvelle, le ministère de l’Éducation du Québec fait un pas en ce sens dans sa toute nouvelle politique de la réussite éducative. « Nous nous sommes donné ensemble une vision claire et mobilisatrice de l’école du 21e siècle », assure le premier ministre Couillard dans le préambule (Gouvernement du Québec, p.3). Mieux intégrer les compétences du 21e siècle et les possibilités du numérique, figure parmi les 19 orientations prévues. On souhaite que nos élèves deviennent « citoyens compétents, créatifs, responsables et pleinement engagés dans leur vie personnelle, familiale, professionnelle et sociale » (Gouvernement du Québec, p.26).

Pour y arriver, il faut un leadership pédagogique de la part des commissions scolaires et des directions d’école. Il faut un mot d’ordre clair pour donner aux enseignants les moyens et les conditions à la mesure de ces ambitions.

Il le faut, parce que les enseignants ont besoin de soutien. « Les étudiants sont-ils bien préparés au monde qui les attend. Seuls 34 % des employeurs et 38 % des jeunes le pensent, alors que 74 % des enseignants en sont convaincus » (Fadel (n.d), cité par Brousseau, 2017). 

En effet, même s’ils oeuvrent auprès de nos jeunes avec passion, les enseignants demeurent des bacheliers en « enseignement » primaire ou secondaire, ce qui reflète ce paradigme encore (trop?) présent. Ils ont besoin de nouveaux modèles et du temps de réflexion pédagogique pour créer le contexte d’apprentissage différent de celui dans lequel ils ont évolué, mais dont les élèves ont besoin aujourd’hui. 

***
Références :
Brousseau, N. (2017). 22 pistes pour innover à l’école. Récupéré de https://ecolebranchee.com/2017/06/26/22-pistes-innover-ecole/ (Référence originale introuvable)

Gouvernement du Québec. (2017, 10 juillet). Politique de la réussite éducative. Le plaisir d’apprendre, la chance de réussir. Récupéré de http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/PSG/politiques_orientations/politique_reussite_educative_10juillet_F_1.pdf

Robinson, K. [Jean-Pierre Lepri] (2011, 6 avril). Du paradigme de l’éducation. [vidéo]. Récupéré de https://www.youtube.com/watch?v=e1LRrVYb8IE

Commentaires

  1. L’objectif de ce premier blogue était de commenter sur le changement de paradigme en éducation tel que présenté dans la vidéo de Ken Robinson. J’avais eu de la difficulté à bien saisir dans la vidéo de quel changement de paradigme il était question plus précisément. En particulier, je trouvais les pistes de solution et les propositions bien minces.
    Je constate que j’ai écouté cette vidéo en prenant une perspective d’enseignement universitaire. Je constate, par le billet de Julie, que la perspective du point de l’enseignement primaire et secondaire semble assez différente de celle du milieu universitaire. C’est surement un élément qu’il faudra continuer d’explore durant le trimestre.
    Deux commentaires spécifiques sur le blogue :
    1. Il faudrait élaborer sur ce que tu entends par : « Il faut un mot d’ordre clair pour donner aux enseignants les moyens et les conditions à la mesure de ces ambitions » Quelle serait la teneur de ce mot d’ordre? Qu’est-ce que les enseignements doivent faire exactement?
    2. Je n’ai pas vraiment compris ce que tu entendais par : « Ils transforment leur TBI en un allié précieux servant l’enseignement plutôt que l’apprentissage. »
    Note : attention à l’utilisation d’acronyme non présentés au long bien que j’ai fini par deviner que tu voulais dire Tableau Blanc Interactif.

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    1. Effectivement, les pistes de solutions présentées dans cette vidéo sont peu présentes.

      De mon côté, je l'ai visionnée avec la perspective la plus proche de mon vécu, soit celle de l'éducation au secteur jeune (préscolaire, primaire et secondaire). À mon avis, c'est là que tout commence. Il me faudra ouvrir mes horizons pour élargir ma vision jusqu'au milieu universitaire. Ce cours me permettra d'entamer ce cheminement au cours des prochaines semaines.

      Concernant vos deux commentaires:
      1) Je suis d'avis que pour transformer les pratiques en classe, il faut investir les ressources pour que cela devienne possible. En tant que société (gouvernement, commissions scolaires, directions d'école), il faut se donner les moyens pour que cette évolution des pratiques devienne une réalité: temps de réflexion pédagogique, recherche sur le terrain sur les effets du numérique sur l'apprentissage, pratiques basées sur des données probantes (pas seulement les plus traditionnelles), formation et surtout accompagnement. Les enseignants sont pleins de bonne volonté. Toutefois, changer des habitudes professionnelles profondément ancrées touche les valeurs et peut devenir émotif. Puisque plusieurs d'entre eux enseignent comme ils ont appris, les amener à se familiariser avec de nouveaux modèles et les accompagner dans leur cheminement seraient à mon avis bénéfique.

      2) Lorsque les tableaux blancs interactifs (TBI) ont fait leur arrivée en salle de classe, les critiques ont fusé de partout dans les médias (par exemple ici: http://www.ledevoir.com/politique/quebec/409046/cafouillage-autour-des-tableaux-blancs-dans-les-ecoles). Trop cher, lobbying, doute sur l'efficacité, formation déficiente, ressources numériques rares ou non adaptées, etc. Ce qui est observé par mes collègues conseillers pédagogiques, c'est que le TBI a surtout été, depuis son implantation massive dans les classes du Québec et encore aujourd'hui, un outil qui servait à enseigner, principalement manipulé par l'enseignant. Certains, plusieurs enseignants se sont investis et ont appris à voir en lui autre chose qu'un projecteur coûteux ou tableau d'affichage. Ils ont appris à utiliser le potentiel de l'outil pour qu'il puisse être manipulé par les élèves pour qu'ils construisent leurs apprentissages. Heureusement, certaines initiatives comme celles de Raby (https://captni.uqam.ca/) et celles de Lefebvre et Samson (https://ecolebranchee.com/2016/02/17/5-types-dutilisation-du-tni-dans-les-ecoles-du-quebec/) ont permis d'intégrer ce périphérique dans des approches plus actives.

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