Le développement d'une compétence essentielle: la créativité
Après avoir dressé une liste de compétences essentielles
pour concevoir des formations en ligne, on nous demande de se prononcer sur la
façon de développer ces dernières. Au moment d’écrire ces lignes, quatre
compétences sont proposées dans notre référentiel collaboratif, soit la rédaction
pour le web, la créativité, la collaboration et la polyvalence médiatique.
J’ai
choisi de m’attarder sur la créativité afin d’y réfléchir avec vous ici.
Or
je me demande bien comment, dans une perspective de développement
professionnel, on peut devenir « créativement compétent »? Est-ce que
c’est inné? Est-ce « qu’on l’a ou on ne l’a pas »? Est-ce qu’on peut
apprendre aux jeunes à être créatifs? Est-ce qu’on peut « se rattraper »
dans notre milieu professionnel si on a mis ce talent de côté avec les années?
Avec
les enfants, je le vois plutôt bien le développement de cette compétence. Mes
collègues spécialisés en gestion de classe vous diront d’ailleurs qu’on
pourrait enseigner de manière explicite ce qu’est la créativité (par exemple, à
l’aide des travaux de Gauthier et al.
2013). On pourrait leur demander, par exemple, en tant qu’enseignant, qu’est-ce
qu’on pourrait observer qui démontre qu’on est créatif? Qu’est-ce qu’on
pourrait entendre, dans la classe, qui prouve notre créativité? On pourrait
ainsi faire un modelage des comportements attendus en termes de créativité. On
pourrait proposer des situations d’apprentissage qui exigent d’explorer une
variété de solutions nouvelles, d’utiliser des sources d’inspiration pour
orienter la recherche créative et de sélectionner une solution en tenant compte
du contexte de la situation-problème (Romero, Lille et Patiño, p. 21-22) et alimenter cette capacité tout au
long du parcours scolaire.
Or, avec les
adultes en milieu professionnel, ça me semble différent. J’estime que la
créativité se développe (ou non) par les défis qui se présentent. Je crois
aussi qu’elle est une compétence qui se développe avec le contact des autres et
qu’elle est alimentée par les projets collaboratifs. « Les idées vivent
grâce aux gens. C’est par eux que les idées prennent forme et deviennent
réalité. Ce sont donc des individus qui, au final, lancent les idées et leur
insufflent le potentiel porteur qui leur permettra de se diffuser et de
s’enraciner. Les dynamiques humaines deviennent ainsi un enjeu central pour
toute entreprise qui souhaite profiter pleinement de sa capacité créative »
(Brunelle, 2106).
Je crois aussi
que la créativité est fortement encouragée (ou découragée) par leadership du
gestionnaire et du climat qu’il instaure. C’est lui qui donnera une direction
(partagée par son équipe), qui verra au développement des personnes qu’il
coordonne (et à leur motivation par des défis stimulants), qui transformera l’organisation
(en facilitant le travail et la collaboration) et qui gérera les activités
pédagogiques (en préparant les structures pour le changement) (Leithwood et Jantzi, 2008, p. 507-508).
Qu’en pensez-vous?
***
Références
Brunelle, É. (2016). Idées, créativité et leadership. Gestion, vol. 41,(2),
6-6. Récupéré à https://www.cairn.info/revue-gestion-2016-2-page-6.htm
Gauthier, C., Bissonnette, S., Richard, M., & Castonguay, M. (2013).
Enseignement explicite et réussite des élèves: la gestion des apprentissages. Pearson,.
Leithwood, K., Jantzi, D. (2008). Linking
Leadership to Student Learning: The Contributions of Leader Efficacy. Educational
Administration Quarterly. Vol 44, Issue 4, pp. 496 - 528. Récupéré de https://doi.org/10.1177/0013161X08321501
Robinson,
K. [Jean-Pierre Lepri] (2011, 6 avril). Du
paradigme de l’éducation. [vidéo]. Récupéré de https://www.youtube.com/watch?v=e1LRrVYb8IE
Romero, M., Lille, B.,
& Patiño, A. (2017). Usages créatifs du numérique pour l'apprentissage au
XXIe siècle. PUQ.
Source de l'image: @suezINNOV 22
janvier 2018
Merci pour cette réflexion. Je propose ici de poursuivre dans le même sens.
RépondreSupprimerAssociée à un savoir-être, la créativité se retrouve dans le Profil de compétences de l'enseignant de niveau universitaire (Brassard, 2012) en tant que sous-compétence de la professionnalité, aux côtés d'autres qualités professionnelles (la confiance en soi, la passion et l’ouverture d’esprit, pour ne nommer que celles-ci) (Brassard, 2012). Étant propres à chaque personne, il peut effectivement être difficile d’assurer le développement de ces sous-compétences. Conséquemment, ces sous-compétences requises pour la profession d’enseignant universitaire, ne pourraient pas être soumises à une évaluation (Brassard, 2016).
Il n’en demeure pas moins que l’enseignant « se doit de développer et d’entretenir cet ensemble de qualités professionnelles » (Brassard, 2012. P. 13). Comment en favoriser le développement ? Je pense que tu proposes une bonne piste, soit celle de la collaboration. Si l’on considère l’enseignement en ligne, qui se veut le résultat d’une œuvre collective, pour reprendre les mots de Papi (2016), ce dernier offre, à mon avis, un terrain favorisant le développement ou le maintien de la créativité par notamment la présence de nouveaux défis (la collaboration en étant un!). Ainsi, de par l’orientation vers un nécessaire travail en équipe pour concevoir une formation en ligne (Papi, 2016), par l’appropriation aux technologies en constante évolution, peut-on penser que la créativité de l’enseignant qui y est impliqué y sera avantageusement sollicitée? Si tel est le cas, la formation en ligne permettra certes de transformer le milieu universitaire dans ses modalités de formation (Conseil supérieur de l'éducation, 2015), mais peut-être aussi dans la manière de travailler des enseignants…
Références bibliographiques
Brassard, N. (2012). Profil de compétences de l'enseignant de niveau universitaire. ENAP. Québec.
Conseil supérieur de l'éducation. (2015). La formation à distance dans les universités québécoises : un potentiel à optimiser. Québec: Gouvernement du Québec.
Papi, C. (2016). De l'évolution du métier d'enseignant à distance. Sticef, 23.
Ce billet est très intéressant et il porte une réflexion qui va au-delà de l'idée que l'on doit passer d'une phase de substitution ver une phase de redéfinition (modèle SAMR de Puentedera). J'apporte ce point parce que l'on rencontre souvent des enseignants qui, lors de leur première expérience de cours à distance ou hybride, reproduisent des pratiques déjà existantes. Développer un sens créatif semble une approche très intéressante à développer.
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