Le développement d'une compétence essentielle: la créativité

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Après avoir dressé une liste de compétences essentielles pour concevoir des formations en ligne, on nous demande de se prononcer sur la façon de développer ces dernières. Au moment d’écrire ces lignes, quatre compétences sont proposées dans notre référentiel collaboratif, soit la rédaction pour le web, la créativité, la collaboration et la polyvalence médiatique.

J’ai choisi de m’attarder sur la créativité afin d’y réfléchir avec vous ici. 
D’abord parce qu’elle fait partie de mes lectures de chevet des dernières semaines, mais aussi parce qu’elle est considérée comme très importante pour dans le milieu éducatif au 21e siècle (Romero, Lille et Patiño, 2017). En effet, elle « est un processus exigeant résultant d’une bonne analyse de la situation-problème et de son contexte, qui doit donner lieu ensuite à une solution. La créativité vise la création d’une solution nouvelle, innovante, pertinente, de valeur et qui fait preuve de parcimonie et d’élégance vis-à-vis d’une situation-problème initiale » (Romero, Lille et Patiño, 2017, p.30).  De plus, les propos de Sir Robinson dans la vidéo visionnée à la session précédente me sont restés en tête : la pensée divergente frise le niveau du génie auprès des enfants d’âge préscolaire et s’éteint tranquillement au fil de la scolarisation de ces derniers (Robinson, 2011).

Or je me demande bien comment, dans une perspective de développement professionnel, on peut devenir « créativement compétent »? Est-ce que c’est inné? Est-ce « qu’on l’a ou on ne l’a pas »? Est-ce qu’on peut apprendre aux jeunes à être créatifs? Est-ce qu’on peut « se rattraper » dans notre milieu professionnel si on a mis ce talent de côté avec les années?

Avec les enfants, je le vois plutôt bien le développement de cette compétence. Mes collègues spécialisés en gestion de classe vous diront d’ailleurs qu’on pourrait enseigner de manière explicite ce qu’est la créativité (par exemple, à l’aide des travaux de Gauthier et al. 2013). On pourrait leur demander, par exemple, en tant qu’enseignant, qu’est-ce qu’on pourrait observer qui démontre qu’on est créatif? Qu’est-ce qu’on pourrait entendre, dans la classe, qui prouve notre créativité? On pourrait ainsi faire un modelage des comportements attendus en termes de créativité. On pourrait proposer des situations d’apprentissage qui exigent d’explorer une variété de solutions nouvelles, d’utiliser des sources d’inspiration pour orienter la recherche créative et de sélectionner une solution en tenant compte du contexte de la situation-problème (Romero, Lille et Patiño, p. 21-22) et alimenter cette capacité tout au long du parcours scolaire.

Or, avec les adultes en milieu professionnel, ça me semble différent. J’estime que la créativité se développe (ou non) par les défis qui se présentent. Je crois aussi qu’elle est une compétence qui se développe avec le contact des autres et qu’elle est alimentée par les projets collaboratifs.  « Les idées vivent grâce aux gens. C’est par eux que les idées prennent forme et deviennent réalité. Ce sont donc des individus qui, au final, lancent les idées et leur insufflent le potentiel porteur qui leur permettra de se diffuser et de s’enraciner. Les dynamiques humaines deviennent ainsi un enjeu central pour toute entreprise qui souhaite profiter pleinement de sa capacité créative » (Brunelle, 2106).

Je crois aussi que la créativité est fortement encouragée (ou découragée) par leadership du gestionnaire et du climat qu’il instaure. C’est lui qui donnera une direction (partagée par son équipe), qui verra au développement des personnes qu’il coordonne (et à leur motivation par des défis stimulants), qui transformera l’organisation (en facilitant le travail et la collaboration) et qui gérera les activités pédagogiques (en préparant les structures pour le changement)  (Leithwood et Jantzi, 2008, p. 507-508).

Qu’en pensez-vous?

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Références 

Brunelle, É. (2016). Idées, créativité et leadership. Gestion, vol. 41,(2), 6-6. Récupéré à https://www.cairn.info/revue-gestion-2016-2-page-6.htm

Gauthier, C., Bissonnette, S., Richard, M., & Castonguay, M. (2013). Enseignement explicite et réussite des élèves: la gestion des apprentissages. Pearson,.

Leithwood, K., Jantzi, D. (2008). Linking Leadership to Student Learning: The Contributions of Leader Efficacy. Educational Administration Quarterly. Vol 44, Issue 4, pp. 496 - 528. Récupéré de https://doi.org/10.1177/0013161X08321501

Robinson, K. [Jean-Pierre Lepri] (2011, 6 avril). Du paradigme de l’éducation. [vidéo]. Récupéré de https://www.youtube.com/watch?v=e1LRrVYb8IE

Romero, M., Lille, B., & Patiño, A. (2017). Usages créatifs du numérique pour l'apprentissage au XXIe siècle. PUQ. 

Source de l'image: @suezINNOV 22 janvier 2018

Commentaires

  1. Merci pour cette réflexion. Je propose ici de poursuivre dans le même sens.
    Associée à un savoir-être, la créativité se retrouve dans le Profil de compétences de l'enseignant de niveau universitaire (Brassard, 2012) en tant que sous-compétence de la professionnalité, aux côtés d'autres qualités professionnelles (la confiance en soi, la passion et l’ouverture d’esprit, pour ne nommer que celles-ci) (Brassard, 2012). Étant propres à chaque personne, il peut effectivement être difficile d’assurer le développement de ces sous-compétences. Conséquemment, ces sous-compétences requises pour la profession d’enseignant universitaire, ne pourraient pas être soumises à une évaluation (Brassard, 2016).
    Il n’en demeure pas moins que l’enseignant « se doit de développer et d’entretenir cet ensemble de qualités professionnelles » (Brassard, 2012. P. 13). Comment en favoriser le développement ? Je pense que tu proposes une bonne piste, soit celle de la collaboration. Si l’on considère l’enseignement en ligne, qui se veut le résultat d’une œuvre collective, pour reprendre les mots de Papi (2016), ce dernier offre, à mon avis, un terrain favorisant le développement ou le maintien de la créativité par notamment la présence de nouveaux défis (la collaboration en étant un!). Ainsi, de par l’orientation vers un nécessaire travail en équipe pour concevoir une formation en ligne (Papi, 2016), par l’appropriation aux technologies en constante évolution, peut-on penser que la créativité de l’enseignant qui y est impliqué y sera avantageusement sollicitée? Si tel est le cas, la formation en ligne permettra certes de transformer le milieu universitaire dans ses modalités de formation (Conseil supérieur de l'éducation, 2015), mais peut-être aussi dans la manière de travailler des enseignants…

    Références bibliographiques
    Brassard, N. (2012). Profil de compétences de l'enseignant de niveau universitaire. ENAP. Québec.
    Conseil supérieur de l'éducation. (2015). La formation à distance dans les universités québécoises : un potentiel à optimiser. Québec: Gouvernement du Québec.
    Papi, C. (2016). De l'évolution du métier d'enseignant à distance. Sticef, 23.


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    1. Ce billet est très intéressant et il porte une réflexion qui va au-delà de l'idée que l'on doit passer d'une phase de substitution ver une phase de redéfinition (modèle SAMR de Puentedera). J'apporte ce point parce que l'on rencontre souvent des enseignants qui, lors de leur première expérience de cours à distance ou hybride, reproduisent des pratiques déjà existantes. Développer un sens créatif semble une approche très intéressante à développer.

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